Premier focus sur Onuma Nemon : les rives de la cosmologie transformante

Onuma Nemon tel qu'en lui-même il demeure
Onuma Nemon tel qu’en lui-même il demeure

Il m’est extrêmement difficile de parler de Onuma Nemon. Il m’est difficile de le faire de la même façon que le silence s’impose si l’on aborde l’œuvre de Fernando Pessoa.
Les deux « personnes » qui me touchent le plus.
Lire des mots que ceux-ci ont mis les uns à la suite des autres n’est jamais pour moi une expérience anodine.
Elle est intime, véritablement, et de l’ordre du débordement, d’une exquise saturation de l’esprit qui se meut toujours plus haut et toujours plus bas, de partout à la fois. Onuma Nemon est au centre d’une cosmologie : c’est bien ça. Elle est faite de mots remplis d’étoiles. Aborder son œuvre équivaut à subir une accélération.

Mon premier cri à son sujet arriva en 2008, sur une des pages de l’ancienne version de ce site. Cela faisait donc déjà 4 ans que Quartiers de on ! était sorti et que rien ne s’était passé comme cela aurait dû. J’avais écris le paragraphe suivant :

////////////////

Pourquoi ne parle t-on pas plus de ONUMA NEMON ?

Pourquoi n’est-il pas continuellement en première page des revues littéraires ?

Pourquoi n’être pas devenu un nom récurrent des blogs dont l’un des thèmes principaux est supposé être la littérature ?

ONUMA NEMON a t-il commis un crime ayant jeté sur lui le discrédit, voire l’opprobre citoyenne ?

Une partie des réponses s’explique par le fait qu’un écrivain est susceptible de souffrir d’un syndrôme d’invisibilité. L’exploration de la langue, du langage, vers des frontières dont les contours restent difficiles à percevoir, semble générer une cécité des lecteurs, des plus humbles à ceux qui pratiquent une lecture de spécialistes, mais trop souvent émiettée : les critiques.

Une pratique polyphonique de l’écriture.

Écrire = entrer en esprit : un procédé dont les étapes sont les suivantes :

1. Insuffler une chaleur pour irradier notre intellect.

2. Porter à la bonne température afin de pouvoir modeler une interface étincelante.

3. Polir les formes de la pensée – les rendre plus subtiles – à l’aide d’une succession de jaillissements.

4. But ultime : créer des idiosyncrasies, c’est-à-dire des repères nouveaux en marge d’un ordre naturel communément partagé.

//////////////////////////

Depuis j’ai rencontré son nouvel éditeur, Didier Morin, le créateur de METTRAY éditions et de la revue éponyme. Un type formidable qui croit en ce qu’il fait et travaille sans se ménager pour faire naître des œuvres de l’esprit. Un vrai éditeur en somme. On a parlé d’Onuma, de sa vie cosmologique, de son œuvre en majorité non encore publiée. J’ai contribué un tant soit peu à la publication de la nouvelle somme à paraître (fin 2015 ; bientôt).

Didier Morin
Didier Morin

Je ne fais maintenant que retranscrire des quatrièmes de couvertures, des images de couvertures, des liens vers des présentations, etc., dans l’ordre qui me plaît.
Vous trouverez en bas du post les liens vers les espaces numériques d’Onuma Nemon et METTRAY éditions.

DONC :

Ogr de Onuma Nemon - chez Tristram / 2004
Ogr de Onuma Nemon – chez Tristram / 2004

« De la mégapole de 16 millions d’habitants, de la gorge des 100 000 bureaucrates contrôlant tout, répartis dans une centaine d’agences différentes avec des règlements, des statuts, des modes de fonctionnement totalement contradictoires, de tous ces émigrants qui débarquaient en croyant devenir  » des citoyens considérés comme des dieux « , de la ville hantée par un rêve d’excellence où tout s’est dégradé infiniment plus vite que nulle part ailleurs, pontons effondrés, entrepôts détruits dont le squelette rouille dans l’Hudson, pourriture de fausses falaises, montent des clameurs étouffées comme des ricanements de porcs dans la sciure ou les voix d’une secrète sagesse derrière les vallées creusées du phonographe, chuchotements au moment de s’endormir. Qui sont ces oubliés en bas qui sourdent dans les lacets de la circulation ? Onuma Nemon signifie, dans le langage de l’auteur, que son  » nom est personne « . L’écrivain a entièrement disparu à l’intérieur de son œuvre, cette monumentale Cosmologie Onuma Nemon commencée il y a plus de trente ans, où les narrateurs, les personnages, les récits, les légendes prolifèrent sur plus de vingt mille pages, et où toutes les formes littéraires finissent par se confondre. Selon les pages, cela pourrait avoir été écrit au temps d’Esope, de William Blake, de Lorca ; être transcrit du japonais, du parler gitan ou de l’américain d’aujourd’hui. En introduction à ce continent littéraire inédit, Ogr réunit vingt récits, parmi lesquels on retrouvera Le K du Karaté, salué lors de sa prépublication dans un numéro spécial de L’infini. De ces textes qui ne ressemblent à rien de connu dans notre langue, leur auteur attend qu’ils soient simplement lus comme l’ouvrage d’un anonyme du XXème siècle.« 

Quartiers de on ! de Onuma Nemon - aux éditions Verticales / 2004
Quartiers de on ! de Onuma Nemon – aux éditions Verticales / 2004

« À l’origine de ce livre, qui remonte à l’enfance, un travail «à deux mains» de deux frères dont l’un a disparu, le vivant écrivant tout autant à la place du mort que pour lui-même. Mais ce deuil précoce, fuyant tout ressassement traumatique, se mue rapidement en défi existentiel et poétique. Le duo initial se démultiplie, subdivisant la narration en une multitude de voix distinctes qui ne cessent de changer l’angle de vue de son écriture kaléidoscopique. Dès lors, à la place du fil rouge autobiographique, c’est un labyrinthe qui se déploie sous nos yeux, pour mieux permettre aux fictions de soi de bifurquer ou prendre la tangente. Le moi éclaté de l’auteur – autour duquel tourne la farandole des récits, poèmes, courriers, chroniques qui s’imbriquent dans le livre – fait valser toute chronologie pour trouver ailleurs ses repères, nos repères de lecture aussi. Et cet ailleurs, c’est une galaxie à la fois intime et collective qui, selon la logique fractale des rencontres esthétiques, des affinités éthyliques, des amitiés mythologiques, des extases charnelles, produit un monde entier sur les décombres d’un petit itinéraire individuel. D’où la profusion des surnoms et sobriquets pour rebaptiser tous ceux (et celles) qui peuplent cette Cour des Miracles intérieure – autrement dit l’indéfinissable identité de ce «On». Outre des illustrations (œuvres de l’auteur et photos-mémoire de son herbier personnel, peintures, gravures, encres de Chine, photographies…), un CD accompagne l’ouvrage et servira de méthode de lecture rendant compte des effets de rupture du texte, la bande-son permettant en quelque sorte une «écoute optique». »

roman [livre de nycéphore] - aux éditions Verticales / 2009 mais originellement de 1968
Roman [livre de nycéphore] – aux éditions Verticales / 2009 mais originellement de 1968

« Récit d’apparence autobiographique, Roman donne la parole à Nycéphore, gamin de huit ans bringuebalé dans les marges urbaines du Bordeaux des années cinquante. Datant de 1968, la narration encore classique de Roman annonce les milliers de pages de la future «Cosmologie» d’Onuma Nemon.
« Qu’ils étaient loin, tes jours de gaz et de pluie, et des zigzags de boue, de ce malheur qui m’avait tenu toute l’année la main gauche pour écrire à la place de mon frère mort! » Récit d’apparence autobiographique, Roman donne la parole à Nycéphore, gamin de huit ans bringuebalé dans les marges urbaines du Bordeaux des années cinquante, au gré des perpétuels déménagements de parents désargentés. Portant le deuil de son petit frère, il s’évade du cocon familial vers d’autres tribus d’adoption, s’ouvre au champ immense d’une vie rêvée, hallucinée. Et s’arrache ainsi au misérabilisme ambiant en bricolant ses sensations dans un désordre chatoyant. Datant de 1968, la narration encore classique de Roman annonce les milliers de pages de la future « Cosmologie » d’Onuma Nemon, chant à la fois poétique et épique qui l’habite depuis quarante ans. Cette parution permet d’entendre les premiers échos d’un lyrisme cristallin qui prépare la métamorphose de son écriture romanesque dans des formes plus éclatées. »

Un article d’Onuma lui-même sur l’écriture de Roman : ICI

Les liens ou constellations numériques externes :

Le site hadronique de Onuma Nemon

METTRAY éditions

Je remercie encore Onuma Nemon d’avoir été, un jour pas comme les autres, existencié.
Je le remercie d’avoir qualifié le site où vous êtes de « Blog anartiste et sphère ouverte ».

Vous avez donc noté sur vos calepins qu’il s’agit du premier focus… donc un second, voire un deuxième… je vous laisse augurer des possibles suites.

à bientôt
Gilles ARNAUD

6 commentaires

  1. Gilles ARNAUD dit

    Bonjour amateurs éclairés de Onuma Nemon,

    Je viens d’avoir Onuma.
    La publication de son dernier ouvrage sera vraisemblablement pour août 2016.

    Patience et longueur de temps…

    Bien à vous
    Gilles ARNAUD

  2. RS dit

    « Il m’est extrêmement difficile de parler de *Onuma Nemon*. Il m’est
    difficile de le faire de la même façon que le silence s’impose si l’on
    aborde l’œuvre … »

    Bien sur bien sur avec lui c’est toujours comme un danger. Mais rien n’a
    été écrit en français de si génial depuis 70 ans et ces quartiers
    … c’est déjà beaucoup… merveilleux que pour vous il soit extrêmement
    difficile de parler de Onuma Nemon*,*comme un cercle du cercle… dans le
    silence… Un silence Pynchonien…
    bien à vous,
    RS

    • Gilles Arnaud dit

      Bien le bonjour,
      Je viens de recevoir un courriel d’Onuma.
      La chose est sortie !
      Dès la semaine prochaine (temps de diffusion en librairie) la chose sera disponible. A la F..C il est déjà possible de le commander, semble-t-il.
      Une parution rocambolesque, mais on en parlera plus avant dans un prochain article.

      Gilles ARNAUD

Répondre à Gilles Arnaud Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *